« Le révolutionnaire est un homme condamné d'avance. Il ne doit avoir ni relations passionnelles, ni choses ou être aimés. Il devrait même se dépouiller de son nom. »

« Qu'elle est donc misérable, s'écriait Marx, cette société qui ne connaît de meilleur moyen de défense que le bourreau ! »

« Ernst Dwinger, dans son 'Journal de Sibérie', parle de ce lieutenant allemand qui, prisonnier depuis des années dans un camp où régnaient le froid et la faim, s'était construit, avec des touches de bois, un piano silencieux. Là, dans l'entassement de la misère, au milieu d'une cohue en haillons, il composait une étrange musique qu'il était seul à entendre. »




« Mais si l'homme était capable d'introduire à lui seul l'unité dans le monde, s'il pouvait y faire régner par son seul décret, la sincérité, l'innocence et la justice, il serait Dieu lui-même. Aussi bien, s'il le pouvait, la révolte serait désormais sans raisons. S'il y a révolte, c'est que le mensonge, l'injustice et la violence font, en partie, la condition du révolté. Il ne peut donc prétendre absolument à ne point tuer ni mentir, sans renoncer à sa révolte, et accepter une fois pour toutes le meurtre et le mal. Mais il ne peut non plus accepter de tuer et mentir, puisque le mouvement inverse qui légitimerait meurtre et violence détruirait aussi les raisons de son insurrection. Le révolté ne peut donc trouver le repos. »

« Je me révolte, donc nous sommes. »


Albert Camus - L'homme révolté