« Il y avait également des ours des collines. Nous les appelions "ours-chiens", ou encore "ours-hommes", je crois que ce sont ceux que les étrangers appellent "hommes des neiges". L'un d'entre eux fut tué pendant mon séjour et j'eus la chance de pouvoir l'observer attentivement. Sa fourrure tirait sur le roux et ses énormes pieds carrés se terminaient par de longues griffes acérées. Sa face m'intéressa particulièrement, elle était beaucoup plus plate que celle d'un ours qu'on trouve plus bas, un peu comme celle d'un singe ou même d'un homme. Celui-ci était un mâle adulte et son corps ressemblait bien plus à celui d'un ours qu'à un homme.
Toutes sortes de légendes circulent à propos de ces ours. Certains racontent qu'ils peuvent chevaucher un yack ou un cheval. Tout le monde sait que si l'un d'eux vous poursuit, il faut fuir vers le bas, ainsi ses longs poils lui tombent dans les yeux et l'empêchent de voir où il va. Ils savent siffler comme un homme, ça je le sais, car je les ai moi-même entendus. »


Mémoires d'un moine aventurier tibétain
Recueillis par Hugh RICHARDSON auprès de Tashi KHEDRUP